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NOS DISCOURS PUBLICS

Acte XXXVI - Prise de parole à Ancenis le 20 juillet 2019

Lors de l’action de soutien aux Gilets Jaunes d'Ancenis qui ont vu leur Maison du peuple détruite le 16 juillet dernier, les Gilets Jaunes d'Angers ont pri la parole sur le parvis de la Mairie d’Ancenis.

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1- INVISIBILISATION
16 juillet, en plein été, on vient détruire, à  Ancenis, une des dernières cabanes des GJ.


Le 14 juillet, on arrête les personnes qui détiennent un gilet jaune, on crève les ballons jaunes. La couleur jaune, de toute évidence, pose problème ! Le jaune dérange, il inquiète, 

  • il est devenu une menace, une menace à l'ordre...  public ? non, à l'ordre de Macron, à l'ordre économique,

  • parce qu'il est devenu la partie visible et symbolique d'un gigantesque élan de révolte qui remet en cause cet ordre économique ! 

  • Alors du jaune, on vous en a apporté d'Angers ! pour qu'Ancenis voit encore plus jaune !

  • La destruction de la cabane d'Ancenis, destruction inutile, gratuite, stupide, témoigne de la volonté de l'Etat d'effacer le jaune, d'invisibiliser le soulèvement, de faire croire qu'il n'existe pas.. au motif qu'on ne le verrait plus ! Pratique digne d'une dictature !

  • L'intelligence de l'autruche dans un uniforme de CRS ! Tout en finesse !

  • L'Etat, après nous avoir disqualifié, insulté, traité de tous les noms, menacé et réprimé comme jamais, veut à présent nous faire disparaître totalement. 

  • Nous, les "moins que rien", les "invisibles", serions encore de trop qu'il faudrait nous retirer nos gilets et nos quatre planches. Alors on arrache les uns et on détruit les autres.

QUI SONT LES CASSEURS ici ?

2- REPRESSION
Cet événement du 16 juillet à Ancenis n'est qu'un épisode de la formidable répression qui s'abat sur notre soulèvement.


Face à la contestation sociale, le pouvoir a choisi l'autoritarisme et la répression. Tout est fait pour nous réduire au silence : menacés, nassés, gazés, chargés, plaqués au sol, menottés, matraqués, mutilés, fouillés, raflés, gardés à vue, condamnés et  incarcérés... Ce qui 'est pas sans rappeler ces violences quoptidiennes acensés apporter la "sécurité publique" dans les quartiers. Nous commémorons d'ailleurs aujourd'hui le 3ème anniversaire de la mort d'Adama Traoré, mort à la suite d'un placage au sol.

Mais la répression des GJ s'étend aussi aux autres mouvements sociaux, devenus à leur tour insupportables pour ce gouvernement totalement aveuglé par le maintien de son cap économique. 


Alors, il réprime, avec la même folie, d'autres soulèvements, tout ce qui pourrait empêcher ses réformes :

les lycéens de Mantes la Jolie humiliés, les jeunes d'Extinction Rebellion gazés en plein visage sur le pont de Sully, les Gilets noirs violemment expulsés du Panthéon, les syndicalistes matraqués un 1er mai à Paris..

 

Une violence d'Etat qui ne se contient plus et qui s'en prend, sans plus aucun discernement, à ceux qui portent secours, les street médics, à ceux qui informent, les journalistes, et même... et même à des jeunes venus aimer la vie pendant la fête de la musique sur un certain quai de Nantes, trop près de la Loire... OU DONC EST STEVE, M. CASTANER, OU DONC EST STEVE ?

Réfléchissez bien : QUI SONT LES CASSEURS ? 

3- CAUSE : MAINTIEN DE L'ORDRE ECONOMIQUE CAPITALISTE
Casseurs de vie, éborgneurs, mutilant les corps et les esprits, mais aussi casseurs méthodiques et acharnés de tout ce qui fait notre bien commun :

  • casseurs des services publics asphyxiés, démantelés puis  privatisés,

  • casseurs des protections sociales, de l'assurance-chômage et du régime des retraites,

  • casseurs des salaires et des fins de mois, au nom de la compétitivité,

  • casseurs des droits du travail menant à la précarité,

  • casseurs de la biodiversité, casseurs du climat, casseurs du vivant,

  • casseurs des écosystèmes et casseurs du lien social.

Réfléchissez bien : QUI SONT LES CASSEURS ?

Cette répression sociale et politique n'a qu'un seul motif : 

  • défendre l'Ordre des 1% de la population qui détient 50% de la richesse mondiale,

  • défendre l'Ordre économique capitaliste,

 

pour lequel tout est à asservir, tout est à exploiter, tout est à monétiser, que ce soit la nature et ses ressources, que ce soit l'homme et sa force de travail et même son temps de cerveau disponible... 

Cet Ordre-là, pour lequel travaille Macron et son monde, justifie alors toutes les violences et les mensonges d'état. Ils sont prêts à toutes les dérives et aux pires excès pour défendre leur Monde.

4- L'ALTERNATIVE
Alors pour nous charmer, on nous dit que c'est ça le Nouveau Monde, l'esprit Start-up, et que de toutes façons, il n'y aurait pas d'alternative !

Et bien si ! Justement. Il y en a. Et la cabane d'Ancenis, comme toutes les cabanes des GJ, en était peut-être bien l'image ! la préfiguration : 

  • cette Maison du Peuple - oui, du Peuple (horrible mot, comme le mot jaune)- qui nous est promise,

  • ils la détruisent parce qu'ils ont peur de voir édifier la société qui pourrait en sortir.

 

La "cabane des Gilets jaunes", où tout le monde participe selon ses moyens, c'est la petite graine, le germe d'une société nouvelle 

  • une société fondée sur la convivialité, le partage, la justice et la démocratie,

  • une société fondée sur une économie non capitaliste, mais une économie sociale, écologique, solidaire, calculée à partir des besoins de chacun.

La cabane des Gilets jaunes, c'est l'idée d'un ordre sans pouvoir et sans violence

  • c'est un monde sans TAFTA ni CETA, sans multinationales avides ni actionnaires cupides,

  • c'est un monde où les biens communs ne sont pas engloutis par des intérêts privés, mais entretenus et partagés.

Il y a tout ça dans une cabane de Gilets jaunes et quand ils viennent casser ses quatre planches, ils se trompent en croyant pouvoir empêcher ce monde qui vient...

Parce que la cabane d'un monde meilleur... elle est en chacun de nous

  • c'est pour ça qu'elle reviendra toujours,

  • c'est pour ça qu'elle est innombrable,

  • c'est pour ça qu'elle est partout.

 

En fait, ce mardi 16 juillet, elle n'est jamais tombée, elle est toujours debout 
parce que nous la portons, parce que nous sommes ses planches et ses murs.

Comme le sont tous les insubordonnés, les récalcitrants, les insoumis, les révoltés, les rebelles, les désobéissants, les zadistes, les décroissants... et les Gilets jaunes !

Alors, défendons nos cabanes et nos Maisons du Peuple ! 


Et défendons notre société, défendons notre humanité, et construisons Notre Monde !

Du fond du cœur, au nom de l'Assemblée citoyenne des Gilets jaunes d'Angers, soutien à Ancenis et à toutes les Maisons jaunes ! 

23/07/2019 à 16h22

Les Gilets Jaunes d'Angers

Auteur

Discours du samedi 29 juin - Acte XXXIII

À l'occasion de la vélorution dont l'objectif était de marquer le soutien des Gilets Jaunes d'Angers aux résistants de Bure, deux discours publics ont été lu durant cet acte XXXIII.

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Discours n°1

Nous, Gilets jaunes d’Angers, dénonçons la politique de criminalisation et de répression systémique qui s'abat depuis plus d’un an et demi sur les opposants à la poubelle nucléaire CIGEO à Bure dans la Meuse : déjà plus d'une cinquantaine de procès, des centaines de mois de sursis distribués, près de 2 ans de prison ferme, 26 interdictions de territoire, des milliers d’euros d’amende, une vingtaine de perquisitions réalisées en Meuse, à Paris, en Isère, une trentaine de gardes à vue dont celle d’un avocat, un escadron de gendarmes mobiles installé sur place depuis l'été 2017, les habitants de Bure et autour suivis, fichés, filmés et contrôlés, et parfois à plusieurs reprises en l'espace de quelques heures, 7 personnes interdites de se voir et rentrer en relation, et ce pour des années, dans le cadre d'un contrôle judiciaire dans une instruction pour "association de malfaiteurs".


Nous, Gilets jaunes d’Angers, dénonçons fermement la mise en place depuis 2 ans en Meuse d'un système mafieux qui ne dit pas son nom, où les libertés fondamentales et les droits de la défense sont chaque jour piétinés. Au nom de l’avancée forcée d’un projet nucléaire démentiel qui ne présente aucune garantie de sécurité et de faisabilité. Au nom de la destruction d'un mouvement de lutte pluriel pour commencer les travaux imminents de CIGEO. Au nom de la mise en place d’un laboratoire répressif servant d'expérimentation pour mieux neutraliser de futures luttes.


Nous, Gilets jaunes d’Angers, dénonçons cette répression massive qui s'installe également partout ailleurs en France et dans le monde, dans les mouvements sociaux, les quartiers, les luttes migratoires, les luttes territoriales et environnementales... Nous ne devons pas rester silencieux ni courber l’échine par peur d'être les prochains sur la liste. Nous appelons à mettre fin à la criminalisation de la lutte à Bure et de toutes les autres mobilisations et espaces d'opposition en France. Nous appelons à densifier partout les solidarités et à ne pas nous laisser enfermer dans l'isolement. Nous appelons à en finir avec le silence et l’intimidation.


Non ! A Bure, à Angers comme ailleurs, nous ne sommes pas des malfaiteurs !

Discours n°2

La préservation de l’environnement est un droit fondamental. 


Si fondamental que ceux qui nous gouvernent voudraient l’enraciner en l’enterrant aussi profondément que les déchets nucléaires à Bure. 
Il y a quelques années, Bure était encore un village paisible de 80 habitants, perdu au fin fond de la Meuse. 
Jusqu’à ce que le projet Cigéo n’émerge. Ce projet qui consiste à enfouir en profondeur des déchets radioactifs hautement dangereux dans les sous-sols de Bure.

Pourtant, après plus de soixante ans d’exploitation de l’énergie nucléaire, il n’existe toujours pas de solution durable et sure pour gérer les déchets nucléaires. Pas de solution ? Alors, on enterre le problème ! Ben voyons !
Cacher ces déchets que nous ne saurions voir !

Actuellement, les déchets les plus dangereux sont vitrifiés, coulés dans des colis d’inox et entreposés dans l’usine Orano (ex-AREVA) de la Hague en Normandie. 


Avec un important et très coûteux système de ventilation pour réguler les températures extrêmement élevées liées à leur très importante radioactivité.
 

    On continue de les entasser sans aucune perspective d’utilisation !

    Doit-on s’entêter avec une stratégie et qui nous mène dans le mur ? 
        Avec des réacteurs vieillissants ? Des déchets qui s’amoncellent ?

Tout le monde est d’accord pour dire qu’il n’y a pas de solutions satisfaisantes. Le projet Cigéo, au contraire, est même la plus mauvaise, car elle n’est pas réversible. Il n’y a pas de retour en arrière.

Prenons l'exemple de Asse, en Allemagne, le projet d’enfouissement dans une ancienne mine de sel prend l’eau LITTÉRALEMENT. Les parois s’effondrent à cause des nombreuses infiltrations. Le gouvernement veut maintenant récupérer les colis radioactifs enfouis, ce qui va coûter des milliards ! Et c’est un exemple parmi d’autres. 


C’est d’une arrogance technique hallucinante !

Alors quoi ? Pourquoi cet entêtement ? 
Il s’agit d’un simple calcul politique.

Les autorités et l’industrie ont besoin de maintenir la belle fiction du nucléaire comme énergie propre et soutenable. 
Elles ont besoin de justifier son maintien en activité. 
Elles ont besoin de nous faire croire qu’il existe une solution au stockage des déchets radioactifs. 
Elles ont besoin de nous faire croire à une énergie propre.

Mais il n'y a pas de solutions parce que le nucléaire n'est pas une solution, c'est un problème ! Un grave problème !
Un problème énergétique, un problème écologique, un problème démocratique !

Parce que ceux qui alertent le savent bien. À Bure, toute contestation du projet d’enfouissement des déchets nucléaires est criminalisée. La ligue des droits de l’homme parle de harcèlement judiciaire. L’État atomise l’opposition !

Non, cacher nos déchets nucléaires n’est pas une solution. Ils resteront dangereux pendant des milliers d’années. Alors que nous devrions pouvoir les contrôler en permanence. On ne doit pas laisser un tel fardeau aux générations futures. 
AUCUN projet de stockage n’est opérationnel. 
AUCUN n’apporte de garanties suffisantes sur les plans de l’environnement, de la sûreté nucléaire, de la santé humaine et de la société. 

Cela revient en réalité à mettre la poussière nucléaire sous le tapis en dédouanant l’industrie nucléaire et les responsables politiques de leurs responsabilités. 

Si le pays fait le choix de prolonger la dépendance au nucléaire, il faudra faire d’immenses travaux dans ces centrales. Il y en a pour 100 milliards d’euros. Autant de ressources qui ne pourront pas être utilisées dans la nécessaire transition énergétique de notre pays. 

La France est le pays le plus nucléarisé du monde. C’est aussi le pays européen qui accuse le plus de retard par rapport aux objectifs de production en énergies renouvelables. 

Luttons contre l’installation des poubelles nucléaires.
L’énergie nucléaire est une cocotte-minute ! Nous n'en voulons pas !
Sortons de la religion de l’atome ! Résistons !
Ne devenons pas de la chair à neutrons ! Résistons !

Terminons avec les mots de l’activiste australien John Seed, reprise sur la ZAD de NDDL :
“Nous ne défendons pas la nature, nous sommes la nature qui se défend.”
Résistons !

10/07/2019 à 08h35

Les Gilets Jaunes d'Angers

Auteur

Discours du samedi 22 juin - Acte XXXII

Lors de l'acte XXXII, un groupe de Gilets Jaunes était au Ralliement pour se joindre à l'opération "Transports en commun gratuits" (ou moins chers pour les personnes nécessiteuses) organisée par le collectif Pas sans nous 49 (Quartiers) et ATTAC. Une prise de parole à eu lieu lors de l'arrêt du tram place du Ralliement.

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Mesdames, messieurs, bonjour.


Les gilets jaunes d’Angers ont décidé de participer à cette journée de mobilisation pour exiger du Conseil d’agglomération une forte baisse des tarifs des transports publics avec la gratuité aux personnes en grande précarité.


Dans le contexte actuel où les revendications écologiques et sociales deviennent décisives, nous devons réaffirmer que les transports en communs sont un bien public, qui doit être accessible à tous.


Face à l’urgence sociale et à l’urgence climatique, nous exigeons de nos décideurs un changement de politique des transports en commun, pour ne pas accabler financièrement les plus fragiles mais aussi dans l’intérêt écologique en réduisant ainsi le nombre de véhicules à moteur en circulation.


Comme vous pouvez le lire sur les panneaux que nous avons affichés sur les vitres du tram, de nombreuses villes se sont déjà engagées dans cette voie : les transports en commun sont déjà entièrement gratuits à Niort, Vitré, Châteauroux, Castres, Gap, Mayenne, Aubagne, Carhaix, Dunkerque...


Aujourd’hui, nous attendons, nous exigeons que la ville d’Angers fasse de même ! Qu’elle réponde positivement à notre demande en prenant cette mesure à la fois écologique ET sociale !


Donnez-nous les moyens d’être écolos !


...et vous pouvez chanter avec nous :


Si du lundi au sam’di...
Si du lundi au sam’di, les transports étaient gratuits ( bis )
Plus besoin pour nos bagnoles d’aller brûler du pétrole ( bis )
On f’rait des économies sur le dos des Qataris
Et y’aurait moins d’pétroliers à venir nous mazouter. ( bis )
Si du lundi au sam’di, les transports étaient gratuits ( bis )
On serait plus comme un con à râler dans les bouchons ( bis )
On verrait jouer nos enfants sur les plac’s de stationn’ment
Et on ras’rait nos garages pour y faire du jardinage. ( bis )
Si du lundi au sam’di, les transports étaient gratuits ( bis )
On n’us’rait pas nos moteurs pour aller voir le docteur ( bis )
En tram, on s’ laiss’rait conduire sans plus avoir à se dire :
« Ma batt’rie est fatiguée, je vais jamais démarrer ! » ( bis )
Si du lundi au sam’di, les transports étaient gratuits ( bis )
Enfin du fond de l’azur descendrait un peu d’air pur ( bis )
Y flott’raient de jolies bulles à la plac’ de particules
Et puis comble de l’effort, j’irais faire un peu de sport. ( bis )
Si du lundi au sam’di, les transports étaient gratuits ( bis )
On se ferait un plaisir, je ne vous le fais pas dire ( bis )
De balancer à la casse, contre une pair’ de godasses
Contre un kit de randonneur, nos voitur’s et nos scooters. ( bis )
Si du lundi au sam’di, les transports étaient gratuits ( bis )
On les prendrait ce s’rait chouette oui mais un truc nous arrête : ( bis )
Pas le temps d’attendre un bus, il faut toujours bosser plus
Faudrait nous donner du temps pour pas courir après l’argent ! ( bis )

10/07/2019 à 11h12

Les Gilets Jaunes d'Angers

Auteur

Discours du samedi 8 juin - Acte XXX

L'acte XXX était dédié aux Gilets Jaunes victimes de la répression policière et du gouvernement. Des discours publics ont été lu pour rendre hommage à six d'entre elles.

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Hommage à Geneviève Legay

Son nom est devenu le symbole du droit de manifester en France. Geneviève Legay, 73 ans, porte parole d’Attac dans les Alpes-Maritimes et figure militante locale, a été gravement blessée le 23 mars alors qu’un cordon de police chargeait une manifestation des gilets jaunes à Nice. De multiples images montrent cette militante, gilet jaune sur le dos et drapeau arc-en-ciel « Paix » dans les mains, scander « liberté de manifester » peu avant une charge policière au cours de laquelle sa tête a heurté un poteau métallique. Geneviève Legay a subi plusieurs fractures du crâne, souffre d’hématomes sous-duraux, et de quatre fractures des côtes.
Une plainte contre X pour « violences volontaires en réunion avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique sur personne vulnérable » et « subornation de témoin » a été déposée le 25 mars par les enfants de Geneviève Legay. L’avocat de la famille indique que des policiers seraient venus dans la chambre d’hôpital de la victime. « Selon Geneviève, une policière lui a demandé à plusieurs reprises de préciser qu’il s’agissait d’un cameraman qui l’avait poussée ou qui était à l’origine de sa chute. Elle s’en est émue auprès de ses filles : le simple fait d’avoir essayé d’orienter son témoignage consiste en une subornation de témoin », souligne son avocat. La plainte déposée par la famille Legay vise également le préfet des Alpes-Maritimes, qui fixe la stratégie du maintien de l’ordre, pour « complicité de violences volontaires aggravées ». Une deuxième plainte visant les « violences volontaires » à l’encontre d’un de ses membres a été déposée le 26 mars par l’association Attac France.
Emmanuel Macron a suscité l’indignation en souhaitant à Geneviève Legay « un prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse ». « Pour avoir la quiétude, il faut avoir un comportement responsable », a t-il déclaré, rappelant qu’une interdiction administrative de manifester dans une grande partie de Nice avait été prise. « Geneviève était dans la rue pour le droit de manifester, dans un contexte de mobilisations sociales important », rappelle Annick Coupé, porte-parole d’Attac France. « Il y a une exigence de justice sociale sur laquelle le gouvernement refuse de répondre depuis des mois. L’interdiction administrative de manifester est une fuite en avant dans la répression, et jamais la répression n’a réglé les questions sociales de fond. Nous sommes fiers d’avoir des militants comme Geneviève qui descendent dans la rue pour défendre des droits fondamentaux. »
« Dans trois mois j’aurai 85 ans et ce n’est pas à Emmanuel Macron ou à un préfet de dire si je peux sortir un samedi », lance Susan George, présidente d’honneur de l’association Attac. « Nous avons tous le droit de manifester et nous allons continuer de le faire. »

Hommage à Jérôme Rodriguez

Le 26 janvier, Jérôme Rodriguez participe à l’Acte XI des Gilets jaunes à Paris. Depuis le début du mouvement, il filme les manifestations pour les “Gilets jaunes”, et relaie sur sa page Facebook des informations concernant le mouvement.
Ce jour-là, place de la Bastille, alors qu’il filme, en direct sur Facebook, une charge de policiers avec son téléphone portable, le vidéaste au comportement pacifiste, tombe à terre d’un coup : il a été pris pour cible et a reçu un projectile au niveau de l’oeil droit, vraisemblablement un palet de grenade de désencerclement ou bien un tir de lanceur de balles de défense. On entend Jérôme Rodriguez parler à des Gilets jaunes et à des street-medics et au bout de longues minutes, les pompiers arrivent. Dans l’heure qui suit, l’homme de 40 ans à la barbe grise publie une photo de lui dans le camion des secours et à l’hôpital avec ce commentaire : « Ils m’ont déglingué. Je vais perdre mon oeil, la famille. » L’image, filmée en direct par la victime elle-même et relayée massivement sur les réseaux devient alors le symbole des mutilés de la répression policière depuis le début du mouvement social.
Au lendemain de la manifestation du 26 janvier, le secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur, Laurent Nunez s’exprime personnellement pour assurer qu’il n’y a eu « aucun usage de LBD à cet endroit ». Les images récupérées depuis par les journalistes et les vidéastes présents confirment par la suite que les déclarations de Nunez sont fausses.
Deux semaines après avoir été blessé à l’oeil, le Gilet jaune Jérôme Rodriguez confirme sur les réseaux sociaux avoir perdu définitivement son oeil droit et promet de ne rien lâcher.
Aujourd’hui, ce sont les résultats de l’enquête de l’IGPN qui tentent d’invalider la responsabilité policière, et l’usage de LBD, dans la mutilation de Rodriguez. A l’occasion de la conférence de presse précédant la marche pour Sébastien à Argenteuil, Jérôme Rodriguez, qui venait d’apprendre la nouvelle sur BFMTV, a répondu aux journalistes : "Vous voulez voir mon oeil ? Voilà, j’ai perdu la vue aujourd’hui ! Et c’est une balle de LBD. Il vous faut quoi de plus ? Vous avez les images, les sons, et ma gueule en face de vous !"
Depuis plusieurs semaines, l’exécutif cherche à désamorcer la polémique autour des lanceurs LDB et des grenades Gli-F4 dont les Gilets Jaunes réclament l’interdiction. La blessure du très médiatique Rodriguez l’avait réactivé juste après que le ministère de l’Intérieur, Christophe Castaner, ait annoncé un plus vif contrôle des pratiques policières et la surveillance par caméra des policiers utilisant le LBD. Dans ce contexte, il n’est pas très étonnant que les résultats de l’enquête policière de l’IGPN défaussent les forces de l’ordre.
« Je veux dire que combat continue et qu'on ne s'arrêtera pas. Macron paiera pour tout ça », a conclu le Gilet jaune militant Jérôme Rodriguez.

Hommage à Maxime Peugeot

Mardi 22 mai 2018, en défendant pacifiquement les terres menacées de Notre-Dame-Des-Landes, Maxime Peugeot, un jeune de 21 ans étudiant à Lille, a eu la main littéralement arrachée par l’explosion d’une grenade, tirée par les forces de l’ordre.
Peu importe qu’elle soit lacrymogène, instantanée, assourdissante, à effet de souffle, à effet psychologique, à effet combiné, modulaire, offensive ou de désencerclement. Peu importe le nom donné à cette grenade : une grenade est une grenade. Et peu importe également ce que Maxime a fait pour que cette grenade lui explose dans la main. Jamais cette grenade n’aurait dû être lancée, ni dans sa direction ni ailleurs, car nous ne sommes pas ici dans ce bocage de Loire-Atlantique sur un terrain de guerre.
Nous refusons de voir nos vies suspendues à un fil parce que des marchands de mort se jouent de nos rêves d’un monde meilleur. Nous refusons d’accepter ces logiques meurtrières qui voudraient justifier l’usage des armes contre des populations civiles, quelle que puisse être l’idée qu’on se fait de leurs intentions : dans absolument tous les cas que nous connaissons, les forces de l’ordre n’étaient pas en état de légitime défense. Nous exigeons que soient retirées aux forces de l’ordre ces armes qui mutilent nos chairs et celles de nos enfants.
Quelques mois plus tôt, c’était Robin, un autre jeune homme qui eut le pied arraché alors qu’il s’opposait pacifiquement à la grande poubelle nucléaire que le monde de Macron et ses sbires technocrates veulent imposer au village de Bure dans la Meuse.
Voici les mots qu’ a écrit Robin ce 22 mai 2018 en s’adressant à Maxime :
« Maxime vient de perdre sa main. Sa main droite. Pour toujours. Il rejoint bien plus gravement encore, l’enfer que j’ai vécu durant 9 mois. Le 15 août 2017, à Bure, l’explosion d’une grenade GLI-F4 tirée par les gendarmes mobiles creusait mon pied gauche sur un diamètre de 13cm et jusqu’à 3cm de profondeur arrachant peau, veines, nerfs, muscles et pulvérisant les os. C’était pendant une manifestation contre le projet Cigéo d’enfouissement de déchets radioactifs à 500m de profondeur. Il y a eu 30 blessés dont 4 graves.
Contrairement à ce que leur nom indique, les grenades GLI-F4 contiennent de la TNT et explosent ! Leurs déflagrations font 1m de diamètre et peuvent tuer si elles touchent une partie vitale. Les appellations de « lacrymogènes » ou d’« assourdissantes » que la préfecture et les ministres leur donnent dans les médias servent à masquer la vérité à leur sujet : CE SONT DES ARMES DE GUERRE !
L’État utilise des armes de guerre pour terrasser le peuple. Dans le cas présent, les conséquences sont bien pires qu’un tir à balle réelle.
Déjà, à l’époque, j’avais alerté sur les dangers des grenades explosives en organisant une manifestation pour exiger leur interdiction mais les grandes chaînes ont cantonné l’information à la région Lorraine. La majorité des français ignore encore la vérité sur ce sujet. Il est tombé près de 4000 grenades explosives sur la ZAD depuis le début de son invasion par les gendarmes mobiles. Provoquant des centaines et des centaines de blessés notamment à cause des éclats de métal qu’elles projettent. Où est la violence ?
Maxime est actuellement à l’hôpital.
Outre les intenses douleurs et le fort traumatisme qui le suivront nuit et jour, il devra désormais supporter ce handicap inimaginable : vivre avec une seule main. Cette main, que l’explosion lui a arraché sur le coup, l’État lui a volé pour prix de son combat, pour prix de notre combat. Dans les dernières décennies, la militarisation du maintien de l’ordre a fait couler trop de sang.
Combien d’éborgnés ? Combien de mutilés ? Combien de vies déchirées par l’utilisation criminelle des flashballs et des grenades explosives ? La violence de l’État pour mater toute résistance est extrême. Elle cherche à nous terroriser, à nous acculer à la résignation. Face à cela, la solidarité est notre arme et jamais la peur ne doit nous arrêter.
Proches, moins proches et tous ceux qui croiseront la route de Maxime, prenez soin de lui ! Tenez bon ! Il y a mille et une manières de lui apporter ce qui lui permettra de vivre. Écoutez-le, cherchez, trouvez !
La vie continue, le combat pour elle aussi. »
Maxime, tiens bon !

Hommage à Patoche

Gilet jaune depuis le premier jour, ayant participé aux blocages jours et nuits, notre ami Patoche s'était rendu sur Paris pour la manifestation du 1er décembre auprès de ses camarades. Il était important pour lui , mais surtout pour ses 3 enfants, de "se battre" pour rendre cette société plus juste et meilleure pour tous nos semblables. C'est pourquoi, en compagnie d'autres Gilets jaunes du Maine et Loire, il s'était rendu à Paris pour crier son mécontentement, son indignation et espérer faire changer le cours de l'histoire de ce pays.
C'est en homme pacifiste et responsable qu'il s'était rendu sur les Champs Elysées. Alors qu'il était en marge de la manifestation, afin de donner des nouvelles à sa famille, il a été pris pour cible par un agent des forces de l'ordre et a été atteint à l’oeil gauche, soit par un éclat de grenade de désencerclement soit par un tir de flashball.
Hospitalisé une semaine durant, Patoche a subi de nombreux examens médicaux afin de soigner son oeil : un recul de l'iris, une cataracte traumatique, trop de tension, du sang et des morceaux de métal à retirer dans son oeil, la cornée abîmée, des migraines, des vomissements dû au mal, un fort risque de développer un glaucome à long terme, une hypersensibilité à la lumière et un suivi médical à vie pour son oeil. A tout cela s’ajoute un arrêt maladie pour une durée indéterminée et de nombreux frais engendrés par l'accident ( rapatriement par ambulance de Paris à Angers, accompagnements à ses nombreux rendez-vous ophtalmo non pris en charge par sa mutuelle ).
Aujourd'hui, Patoche est plein de haine et de colère contre "les forces du désordre" et ce gouvernement qui l’a mutilé. Il s’indigne de ce gouvernement qui, dit-il, nous vole et bafoue notre liberté en faisant le choix de la violence gratuite et de l'insécurité générale.
On peut lire dans l’appel à dons lancé sur Leetchi par sa famille :
« Ayant une volonté de casser, de discréditer et de rabaisser le mouvement des Gilets jaunes, le gouvernement fait en sorte de minimiser les faits et les conséquences. Montrons-leur que le mouvement perdurera et ne lâchera rien. Avec tout notre soutien et notre courage et nos encouragements, ne baissez pas les bras. Vive la Fraternité. »

Hommage à Vanessa Langard

J'ai 34 ans, je suis auxiliaire de vie depuis que j'ai décidé de m'occuper de ma grand-mère. Ce n'est pas mon métier d'origine, puisque je suis vitrailliste, mais quand ma grand-mère a eu des soucis de santé, et vu le peu de prise en charge, j'ai décidé de devenir son auxiliaire de vie. J'ai arrêté ma vie professionnelle pour m'occuper d'elle.
Je soutiens les gilets jaunes depuis le début. Un mouvement dans lequel je me suis tout de suite reconnue, parce que, depuis des années, je ressens qu'on nous ponctionne, qu'on nous donne moins de droits. Je ne suis pas quelqu'un qui a besoin de toujours plus, mais je pense qu'il faut que l'on puisse vivre correctement.
Je ne me reconnais plus dans cette France, donc je me suis dit qu'il fallait dire «stop, ça suffit». Etant élevée par une famille de militaires, on m'a inculqué autre chose de la France, on m'a inculqué l'image d'un beau pays dont il faut être fier. Et ces derniers temps, on n'est pas trop fier.
Voilà pourquoi j'ai décidé de manifester. C'était la première fois que je manifestais auprès des Gilets jaunes que je soutiens depuis le début. Je n'avais pas eu l'occasion de le faire avant, mais lorsque l'occasion s'est présentée, j'ai foncé. C'est ma liberté d'expression.
J'étais avec ma meilleure amie, sa soeur et son compagnon. On arrivait tranquillement sur les Champs-Élysées, et d'ailleurs on s'était dit que si on voyait des violences, on faisait tout de suite demi-tour.
Ce jour-là, on manifeste pacifiquement, dans un bon état d'esprit. D'ailleurs, tout le monde est dans un bon état esprit. Contrairement à ce qu'on a pu voir à la télévision, il n'y avait pas de foule haineuse comme le dit Macron. La manifestation venait de commencer, depuis une vingtaine de minutes seulement.
Il ne passait vraiment rien. Il y avait juste devant une grande barre de CRS. On s'est pris la main, on a fait demi-tour, on a marché deux minutes et là, j'ai reçu l'impact de flash Ball. Il a été lancé par une brigade de la BAC, qui est arrivée par la gauche et qui a tiré en direct, alors qu'il ne se passait strictement rien.
Nous étions trois femmes et un homme à se donner la main, nous n'étions pas vraiment une menace.
J'ai été prise en charge à l'hôpital Beaujon, à Clichy où j'ai subi une première intervention pour contenir une importante hémorragie cérébrale et un traumatisme crânien. Mon cerveau a été très abîmé, c'est la raison pour laquelle j'ai aujourd'hui des problèmes de mémoire, des troubles de la pensée cognitive. Trois jours après, j'ai subi une autre opération qui a notamment servi à poser une plaque en métal censée remplacer une partie de la boîte crânienne. Je reviens de très loin.
Quand je suis sortie de l'hôpital, j'ai été en arrêt maladie pendant un mois. Et depuis, je suis en rééducation à l'hôpital de Garches où je suis toujours suivie par un orthophoniste, un neuropsychologue, un kinésithérapeute... J'ai dû trouver moi-même une grande partie de ces médecins, et ce sont eux, ensuite, qui m'ont aidé à trouver d'autres médecins pour m'accompagner.
Je n'ai pas eu un appel de la police, ni de l'Etat. Il n'y a eu aucun suivi psychologique mis à notre disposition. Pourtant, tous les blessés n'ont pas forcément les moyens de se soigner, surtout quand vous voyez qu'une séance chez le psychologue ou le psychiatre coûte entre 50 et 60 euros par séance. Les premiers mois, j'étais tellement anéantie, souffrant d'un choc post-traumatique, j'avais deux séances par semaine. On n'a obtenu l'aide de personne, comme il y en a eu par exemple après les attentats.
Je suis désormais arrêtée pour au moins un an. Je dois faire de la rééducation pour le cerveau, et me refaire opérer dans neuf mois, pour améliorer ce qui peut l'être et essayer d'effacer la cicatrice au laser.
Tout mon visage est en reconstruction. Heureusement, des médecins se sont proposés de nous aider, comme une sophrologue. Et pour cette dernière opération, c'est le chirurgien lui-même qui s'est proposé de m'opérer.
C'est comme si j'avais perdu mon identité. Ca va faire six mois le 15 juin, et je n'ai toujours pas retrouvé cette identité. J'essaie de la reconstruire. Je vais un peu mieux, mais à 34 ans, je n'ai pas envie de créer une nouvelle Vanessa. Il y a des moments où je voudrais récupérer ma vie d'avant. Celle où je pouvais tout faire.
Malheureusement, comme ce n'est pas possible, il faut se reconstruire. Physiquement, il faut que je me réinvente. Je ne peux plus me maquiller, je ne me regarde plus dans le miroir, et quand je sors de la douche, je tourne le dos. Par petites étapes, il faut que je réapprenne à être une femme.
Mais aujourd'hui, je ne vais pas vous mentir, je ne me reconnais pas encore.
Je fais partie des premiers blessés, j'ai donc témoigné au tout début. Ce que je voyais à la télévision, ce que j'entendais, c'était honteux... de dire qu'on était des casseurs, des moins que rien, des fainéants : ce n'était pas ma réalité. Donc j'ai eu envie de dénoncer ce qu'il se passait.
J'ai par exemple entendu que les gens qui se faisaient «flasher» étaient des casseurs ou des gens qui avaient jeté des pavés. J'ai aussi voulu montrer que non, que moi, individu lambda, qui n'avait rien jeté, ni insulté aucun policier, je me suis fait tirer dessus au visage. J'ai voulu montrer que cela pouvait arriver à tout le monde, y compris à une femme, à votre voisine, à votre soeur, à votre tante.
J'ai souhaité ouvrir les yeux des gens, leur dire que ce n'était pas un mensonge, qu'il y avait vraiment des blessés, surtout lorsque que Cristophe Castaner a dit qu'il n'avait pas vu de «violences policières». Lui n'a peut-être rien vu, mais des milliers de personnes ont assisté à ces scènes.
Là, on tire sur le peuple. Ca a malheureusement pris des proportions énormes et je ne veux pas que d'autres subissent ce que j'ai subi. Voilà pourquoi j'accepte de parler, pour qu'il n'y ait aucune autre Vanessa, aucun autre Antoine avec la main arrachée. Pour que tout cela s'arrête.
J'ai eu l'IGPN au téléphone, qui est très investie dans cette enquête. Les témoins et les personnes avec qui je suis en contact ne comprennent pas ce tir. Je n'étais même pas au mauvais endroit, au mauvais moment, puisqu'il ne se passait rien. Le problème aujourd'hui est d'obtenir la vérité des policiers.
L'enquête doit être bientôt terminée. On devait encore faire un point sur ma santé, en vue d'une rencontre avec le magistrat. J'attends que l'on me recontacte. Attendre, c'est tout ce qu'il me reste à faire.
Je ne crois pas à la politique qui est menée actuellement. A titre personnel, ça fait 5 mois que je dois me débrouiller toute seule, que je dois trouver moi-même les médecins qui me soignent. Je ne vois que des mensonges et des manipulations, il nous traite comme des pantins.
Si je suis devenue gilet jaune, c'est aussi pour que tout ça avance, qu'on puisse avoir notre mot à dire, nous, les citoyens qui votons. Et j'espère du plus profond de mon coeur que cela va changer. Je doute par moment, en me disant que non, qu'un jour ils iront jusqu'à nous tirer dessus à balles réelles, jusqu'à tuer des gens.
Mais j'ai envie de croire à la solidarité, en l'espoir qui naît dans l'esprit des gens, qui commencent à comprendre qu'on s'est fait manipuler, qu'on a notre mot à dire. On ne peut avoir fait tout ça pour rien, alors j'espère que tout ça va porter ses fruits et apporter du changement.

Hommage à Zineb Redouane

Le 1er décembre 2018 à Marseille, troisième samedi de manifestation des Gilets jaunes, un policier tire une grenade lacrymogène sur une vieille dame qui fermait la fenêtre de son appartement, au quatrième étage. Violemment atteinte au visage, elle décède le lendemain à l’hôpital. Cinq mois plus tard, le policier n’a toujours pas été identifié.
Zineb Redouane avait 80 ans, sept enfants, neuf petits-enfants et trois arrière-petits-enfants. « Elle les aimait beaucoup, elle les gâtait. D’ailleurs, elle leur manque terriblement maintenant, confie sa fille Milfet. Ma mère était généreuse, joyeuse, elle aimait la vie. »
Née en Tunisie d’une mère turque et d’un père algérien, « Mama Zina » s’était installée à Marseille dans les années 1990 à quelques encablures seulement de la rue d’Aubagne, où l’avidité de marchands de sommeil et la négligence coupable de la mairie ont provoqué le 5 novembre dernier l’effondrement de deux immeubles et la mort de huit personnes.
Ce samedi 1er décembre, c’est en leur mémoire que des milliers de Marseillais défilent contre le logement indigne. Des Gilets jaunes et la CGT s’associent au cortège. Au vu de la tournure que prend la manifestation, Zineb Redouane décide de se mettre à l’abri chez elle. C’est que dehors, après un gazage sévère sur le Vieux-Port, la marche est presque devenue émeute. Manifestement dépassés par la situation, les flics tirent des grenades lacrymogènes en l’air. Certaines ricochent sur les façades des immeubles avant de retomber au sol.
Zineb, elle, prépare son dîner. Elle passe un coup de fil à sa fille Milfet, qui raconte : « Un peu avant 19 heures, elle m’a dit “Attends, attends, y a trop de gaz, je vais fermer les fenêtres.” » Le téléphone en main, Zineb se rapproche de la fenêtre. Le combiné tombe. « La grenade lui a explosé en plein visage, reprend Milfet. Après, elle a tout éteint avec ses pieds, ses pantoufles étaient brûlées. Puis elle a repris le téléphone et elle m’a dit : “Il m’a visée, le policier m’a visée ! J’ai croisé le regard des deux policiers, il a tiré, puis ils sont partis dans la voiture.” »
Le visage en sang, Zineb est conduite à l’hôpital. Le lendemain, les médecins décident de l’opérer. « Le chirurgien nous a dit que le maxillaire était fracturé et que le palais descendait. Et donc que s’il ne l’opérait pas d’urgence, elle s’étoufferait », témoigne Khedidja, une amie de Zineb présente ce jour-là. La vieille dame ne survivra pas à l’opération.
De quoi est morte Zineb Redouane, exactement ? Selon le rapport provisoire d’autopsie, le projectile reçu au visage a entraîné « un traumatisme facial sévère, avec fractures de l’ensemble de l’hémiface droite » et « des fractures costales ». Le décès en lui-même serait dû, « après tentative de réanimation », à un « oedème pulmonaire aigu ». En d’autres termes, une accumulation brutale de liquide dans les poumons, qui pourrait avoir été provoquée « par l’inhalation de gaz toxiques tels que ceux diffusés par les grenades lacrymogènes ».
Cette hypothèse n’a jamais été envisagée publiquement par le procureur qui, début décembre, affirmait que la fatale issue n’était pas due au « choc facial », mais uni-quement à « un choc opératoire ».
– « C’est un peu comme si on disait que Kennedy n’est pas mort par balles mais d’une hémorragie cérébrale », ironisera quelques jours plus tard un jeune militant. – « À ce stade, on ne peut pas établir de lien de cause à effet entre la blessure et le décès », dira encore le procureur, déclenchant la colère de Me Bouzrou : « À aucun moment, les experts n’indiquent que ses fractures au visage n’ont pas de lien avec sa mort. À partir du moment où sa blessure nécessite une opération urgente et qu’elle décède, c’est un mensonge, une insulte au bon sens et à l’intelligence d’affir-mer qu’il n’y a pas de lien de cause à effet entre sa blessure et son décès. »
Il a fallu 22 jours à la famille pour obtenir l’autorisation de rapatrier le corps et d’en-terrer Zineb auprès de son fils Adel, au cimetière de Birkhadem, dans cette banlieue d’Alger où réside Milfet.
À ce déni politique, à ce non-zèle judiciaire, Milfet Redouane oppose sa résolution d’enfant qui n’aspire qu’à la vérité et à la justice, pour « rendre sa dignité » à sa mère. Un comité de soutien a été monté, les messages de solidarité affluent – « notamment des gens qui s’excusent, qui me disent qu’ils ont honte de ce gouver-nement, de ce que la France est devenue ».
Lorsqu’Emmanuel Macron a souhaité « une forme de sagesse » à Geneviève Legay, cette manifestante lourdement blessée à Nice par un policier, Milfet Redouane lui a vertement répondu. Sermon présidentiel : « Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci. » Réplique sans bavure : « Ma mère était bien chez elle au quatrième étage et malgré cela, elle a été atteinte par un tir de lacrymogène qui lui a coûté la vie ! Alors ce n’est pas une sagesse de res-ter chez soi pour préserver sa vie… La vraie sagesse, c’est d’interdire ces armes qui mettent la vie des autres en danger. »

10/07/2019 à 10h45

Les Gilets Jaunes d'Angers

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Acte XXVIII - Discours publics des Gilets Jaunes D’Angers du 25 mai 2019I

Pour l'acte XXVIII, les Gilets Jaunes se sont associés à la Marche pour le Climat. Des discours publics ont été lu pour marquer notre soutien.

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Fin du monde, fin du mois, même combat !


10 millions de personnes supplémentaires seront touchées de plein fouet par la montée des eaux avec 2°C de réchauffement. L'extinction des espèces animales s'accélère dramatiquement. 

Comment en est-on arrivé là ?

  • frénésie de croissance sans limite, consommation intensive... 

  • industrialisation massive, extraction exponentielle de minerais, agriculture industrielle... 

La déforestation, la pollution des océans, l'élevage, les transports et la consommation de masse sont les principales sources du changement climatique. 

Depuis des années, alors que les scientifiques tirent la sonnette d’alarme, les chefs d’État et PDG de multinationales se limitent à verdir leurs discours, tout en refusant de transformer en profondeur un système économique devenu proprement insoutenable.

En France, la mobilisation des gilets jaunes a montré qu’une politique climatique ambitieuse ne pouvait se résumer à une fiscalité carbone injuste socialement. Le tout alors que l’on continue à construire des autoroutes, à réduire les terres agricoles, à signer des accords de libre-échange et subventionner le kérosène...

Nous, parmi les Gilets Jaunes, dénonçons les politiques faisant supporter la majorité des coûts de la prétendue transition écologique sur les plus pauvres.

 

Des propositions existent, portées par de nombreuses associations et collectifs, et que nous faisons nôtres. Elles visent toutes à orienter les politiques vers une réelle transition écologique et pourquoi pas, une rupture écologique, une révolution écologique ! 

Que VOULONS-nous faire ? Que POUVONS-nous faire ? Que DEVONS-nous faire ?

En préalable NOUS EXIGEONS...

  1. qu'une taxe carbone soit imposée pour les pollueurs industriels, le transport aérien et maritime ;

  2. nous exigeons que les lignes ferroviaires locales soient rétablies et que soit développé le fret pour réduire le nombre de camions sur les routes ;

  3. nous exigeons que soient abandonnés les nouveaux projets d’autoroutes et que leur financement soit reporté sur les transports collectifs du quotidien ;

  4. nous exigeons de pouvoir être en capacité économique de changer nos habitudes de consommation, en axant sur le respect du vivant, en réduisant notamment notre consommation de viande ;

  5. nous exigeons la limitation de l’utilisation des pesticides et des engrais, la fin de l’agriculture industrielle et son remplacement par une agriculture paysanne, réorientée vers le bio et le local ;

  6. nous exigeons l'arrêt du nucléaire le plus rapidement possible et le développement des énergies alternatives ;

  7. nous exigeons la mise en place du R.I.C. permettant notamment à tout citoyen et citoyenne de proposer et modifier des lois en faveur de la transition écologique.

Il y a bien urgence ! On ne peut plus attendre les atermoiements des politiques qui repoussent toujours à plus tard dans l'espoir de profiter des derniers soubresauts d'une croissance mortifère.

Décrétons l’état d’urgence climatique !

Ebranlons l'édifice ! Soulevons-nous ! Créons les convergences nécessaires pour devenir assez forts et être capables de mettre à bas le système capitaliste, que nous jugeons coupable de détruire la planète, le vivant, les espèces animales, la société et jusque chaque individu. 

Rassemblons-nous sur nos ronds-points et nos places publiques, sur nos lieux de travail, devant nos mairies et nos préfectures !

A la suite des Nuits debout, des Zadistes de  Notre-Dame-des-Landes, nous, les Gilets jaunes, rejoignons les verts et les altermondialistes, et ensemble, renversons le cours des choses et défendons la Vie et notre futur.

Que reviennent les hirondelles, les abeilles et les coquelicots !

Justice sociale ! Justice environnementale !

La planète bleue a besoin de jaune pour rester verte !
 

10/07/2019 à 16h01

Les Gilets Jaunes d'Angers

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